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.Une petite étude en silhouette.Ça peut être l’image d’un arbre ou la façon particulière dont un flanc de colline s’incurve dans l’imagination de Misty, de droite à gauche.On trouve une falaise, et une chute d’eau depuis un canyon suspendu, et un petit ravin plein d’ombre, de gros rochers ronds et moussus, et des plantes grimpantes à l’entour d’épais troncs d’arbres, et lorsqu’elle en a terminé d’imaginer tout ça et d’en faire le croquis sur une serviette en papier, les gens viennent au chariot de service pour se resservir eux-mêmes en café.Les gens tapotent leurs verres de leurs fourchettes pour attirer son attention.Ils claquent des doigts.Ces estivants.Ils ne refilent pas de pourboire.Un flanc de colline.Un torrent de montagne.Une caverne sur la berge d’une rivière.Tous ces détails arrivent à l’esprit de Misty et il lui est impossible de les laisser repartir.Lorsqu’elle arrive au terme de son service de dîner, elle a tous ces morceaux de serviettes en papier, d’essuie-tout, de reçus de cartes de crédit, chacun orné d’un dessin, d’un petit détail.Dans sa chambre mansardée du grenier, dans le tas de bouts de papier, elle a accumulé des motifs de feuilles et de fleurs qu’elle n’a jamais vus.Un autre tas contient des formes abstraites qui ressemblent à des rochers et des sommets montagneux sur l’horizon.Il y a aussi les formes arborescentes des ramures, les taillis de buissons.Ce qui pourrait être des bruyères.Des oiseaux.Ce qu’on ne comprend pas, on peut lui faire dire n’importe quoi.Lorsque tu restes assis sur le siège des toilettes des heures durant, à croquer de ton crayon des bêtises sur une feuille de papier hygiénique jusqu’à en avoir le cul prêt à tomber dans le trou, prends une gélule.Lorsque ta fille vient frapper et mendie un baiser de bonne nuit, que tu persistes à lui répéter d’aller se coucher, que tu arrives dans une minute, et que finalement sa grand-mère l’emmène loin de la porte et que tu l’entends qui pleure à chaudes larmes alors qu’elles s’éloignent toutes les deux dans le couloir, prends deux gélules.Lorsque tu découvres le bracelet de verroterie qu’elle a glissé sous la porte, prends-en une autre.Lorsque personne ne semble remarquer ton attitude inconvenante, lorsque tous te sourient en disant : « Alors, Misty, la peinture, ça vient bien ? » c’est l’heure gélule.Lorsque les migraines t’empêchent de manger.Ton pantalon glisse parce que tu n’as plus de cul.Tu passes devant un miroir et tu ne reconnais plus le spectre décharné aux chairs affaissées que tu y vois.Tes mains cessent de trembler seulement quand tu tiens une brosse à peindre ou un crayon.Ensuite prends une gélule.Et avant que tu aies avalé la moitié du flacon, le docteur Touchet laisse à la réception un autre flacon avec ton nom dessus.Lorsque tout bonnement tu ne peux plus t’empêcher de travailler.Lorsque le terme d’un projet est la seule et unique chose que tu puisses imaginer.Alors prends une gélule.Parce que Peter a raison.Tu as raison.Parce que tout est important.Jusqu’au plus petit détail.Simplement nous ne savons pas encore pourquoi.Tout n’est qu’autoportrait.Journal intime.Tout l’historique de ton passé de drogué dans une mèche de tes cheveux.Les ongles de tes doigts.Les détails de médecine légale.La muqueuse de ton estomac est un document.Les cals de ta main dévoilent tous tes secrets.Tes dents te trahissent.Ton accent.Les rides autour de ta bouche et de tes yeux.Tout ce que tu fais montre ta patte.Peter disait toujours : le boulot d’un artiste, c’est de prêter attention, de ramasser, d’organiser, d’archiver, de conserver, puis de rédiger un rapport.Documents à l’appui.De faire son exposé.Le boulot d’un artiste est tout simplement de ne pas oublier.21 juillet – lune au troisième quartierAngel Delaporte lève une peinture à la lumière, puis une autre, rien que des aquarelles.Les sujets en sont différents, certains se limitant au tracé d’un horizon étrange, d’autres étant des paysages de champs ensoleillés.De pinèdes.La forme d’une maison ou d’un village à mi-distance.Sur son visage, à Angel, il n’y a que les yeux qui bougent, sautant d’avant en arrière sur chaque feuille de papier.« Incroyable, dit-il.Vous avez vraiment triste mine, mais votre travail… Seigneur.»Pour information, juste au cas où, sache qu’ils se trouvent à Oysterville.Il y a un salon de famille qui a disparu chez quelqu’un.Ils se sont glissés dans un nouveau trou pour prendre des photographies et voir les graffitis.Tes graffitis.Cette allure qu’a Misty, cette incapacité à se réchauffer, même avec deux chandails sur le dos, elle claque des dents.Cette façon qu’ont ses mains de trembler quand elle tend une aquarelle à Angel, la feuille de papier raidie claque comme une bannière.Il s’agit d’un virus intestinal qui traîne encore, séquelle de son intoxication alimentaire.Même ici, dans cette pièce fermée presque obscure dont la lumière est filtrée par les rideaux, elle porte des lunettes de soleil.Angel traîne au sol sa sacoche photo.Misty apporte son classeur.Le vieux en plastique noir qui remonte à ses années de fac, une mince valisette avec fermeture à glissière qui fait le tour sur trois côtés de manière à pouvoir l’ouvrir pour l’étaler à plat.De minces sangles élastiques maintiennent les aquarelles sur un côté du classeur.À l’opposé, croquis et esquisses sont fourrés dans des poches de différentes tailles.Angel prend photo sur photo pendant que Misty ouvre le classeur sur le canapé.Lorsqu’elle sort son flacon, sa main tremble avec une telle force qu’on entend les gélules cliqueter à l’intérieur.Elle en pince une, la sort du flacon et dit à Angel : « Des algues vertes.C’est pour les migraines.» Misty glisse la gélule dans sa bouche et ajoute : « Venez jeter un œil à quelques peintures, vous me direz ce que vous en pensez.»Sur tout le canapé, Peter a laissé des choses peintes à la bombe.Ses mots noirs s’étalent sur des photos de famille encadrées et accrochées au mur.Sur des ouvrages au point de croix.Des abat-jour en soie.Il a tiré les rideaux bien à plat et il a fait gicler sa bombe sur leur envers.Toi, tu as fait ça.Angel lui prend le flacon des mains et le lève à la lumière de la fenêtre.Il le secoue, il secoue les gélules qui s’y trouvent.Il dit : « Elles sont énormes [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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