[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.Le directeur est tombé des nues.Il faut faire venir ça de Paris.- J'espère que ce ne sera pas long.- J'ai déjà télégraphié, répondit Rieux.Le préfet était aimable, mais nerveux.- Commençons, Messieurs, disait-il.Dois-je résumer la situation ?Richard pensait que c'était inutile.Les médecins connaissaient lasituation.La question était seulement de savoir quelles mesures ilconvenait de prendre.- La question, dit brutalement le vieux Castel, est de savoir s'ils'agit de la peste ou non.Albert Camus, LA PESTE (1947)51[61] Deux ou trois médecins s'exclamèrent.Les autres semblaienthésiter.Quant au préfet, il sursauta et se retourna machinalementvers la porte, comme pour vérifier qu'elle avait bien empêché cetteénormité de se répandre dans les couloirs.Richard déclara qu'à sonavis, il ne fallait pas céder à l'affolement : il s'agissait d'une fièvre àcomplications inguinales, c'était tout ce qu'on pouvait dire, les hypo-thèses, en science comme dans la vie, étant toujours dangereuses.Levieux Castel, qui mâchonnait tranquillement sa moustache jaunie, levades yeux clairs sur Rieux.Puis il tourna un regard bienveillant versl'assistance et fit remarquer qu'il savait très bien que c'était la peste,mais que, bien entendu, le reconnaître officiellement obligerait àprendre des mesures impitoyables.Il savait que c'était, au fond, ce quifaisait reculer ses confrères et, partant, il voulait bien admettre pourleur tranquillité que ce ne fût pas la peste.Le préfet s'agita et décla-ra que, dans tous les cas, ce n'était pas une bonne façon de raisonner.- L'important, dit Castel, n'est pas que cette façon de raisonnersoit bonne, mais qu'elle fasse réfléchir.Comme Rieux se taisait, on lui demanda son avis :- Il s'agit d'une fièvre à caractère typhoïde, mais accompagnée debubons et de vomissements.J'ai pratiqué l'incision des bubons.J'ai puainsi provoquer des analyses où le laboratoire croit reconnaître le ba-cille trapu de la peste.Pour être complet, il faut dire cependant quecertaines modifications spécifiques du microbe ne coïncident pas avecla description classique.Richard souligna que cela autorisait des hésitations et qu'il fau-drait attendre au moins le résultat statistique de la série d'analyses,commencée depuis quelques jours.[62] - Quand un microbe, dit Rieux, après un court silence, est ca-pable en trois jours de temps de quadrupler le volume de la rate, dedonner aux ganglions mésentériques le volume d'une orange et laconsistance de la bouillie, il n'autorise justement pas d'hésitations.Les foyers d'infection sont en extension croissante.À l'allure où lamaladie se répand, si elle n'est pas stoppée, elle risque de tuer la moi-Albert Camus, LA PESTE (1947)52tié de la vine avant deux mois.Par conséquent, il importe peu que vousl'appeliez peste ou fièvre de croissance.Il importe seulement que vousl'empêchiez de tuer la moitié de la ville.Richard trouvait qu'il ne fallait rien pousser au noir et que lacontagion d'ailleurs n'était pas prouvée puisque les parents de ses ma-lades étaient encore indemnes.- Mais d'autres sont morts, fit remarquer Rieux.Et, bien entendu,la contagion n'est jamais absolue, sans quoi on obtiendrait une crois-sante mathématique infinie et un dépeuplement foudroyant.Il nes'agit pas de rien pousser au noir.Il s'agit de prendre des précau-tions.Richard, cependant, pensait résumer la situation en rappelant quepour arrêter cette maladie, si elle ne s'arrêtait pas d'elle-même, ilfallait appliquer les graves mesures de prophylaxie prévues par la loi ;que, pour ce faire, il fallait reconnaître officiellement qu'il s'agissaitde la peste ; que la certitude n'était pas absolue à cet égard et qu'enconséquence, cela demandait réflexion.- La question, insista Rieux, n'est pas de savoir si les mesures pré-vues par la loi sont graves mais si elles sont nécessaires pour empê-cher la moitié de la ville d'être tuée.Le reste est affaire d'adminis-tration et, justement, nos institutions ont prévu un préfet pour réglerces questions.[63] - Sans doute, dit le préfet, mais j'ai besoin que vous recon-naissiez officiellement qu'il s'agit d'une épidémie de peste.- Si nous ne le reconnaissons pas, dit Rieux, elle risque quand mêmede tuer la moitié de la ville.Richard intervint avec quelque nervosité.- La vérité est que notre confrère croit à la peste.Sa descriptiondu syndrome le prouve.Rieux répondit qu'il n'avait pas décrit un syndrome, il avait décritce qu'il avait vu [ Pobierz całość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • ciaglawalka.htw.pl