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.On ne s inquiéta guère de ces démonstrations dans l ina-bordable Albatros.Mais les cordes, qui retenaient les cerfs-volants aux pieux fichés dans les jardins impériaux, furent oucoupées ou halées vivement.De ces légers appareils, les uns re-vinrent rapidement à terre en accentuant leurs accords, les au-tres tombèrent comme des oiseaux qu un plomb a frappés auxailes et dont le chant finit avec le dernier souffle.Une formidable fanfare, échappée de la trompette de TomTurner, se lança alors sur la capitale et couvrit les dernières no-tes du concert aérien.Cela n interrompit pas la fusillade terres-tre.Toutefois, une bombe, ayant éclaté à quelques vingtaines depieds de sa plate-forme, l Albatros remonta dans les zones inac-cessibles du ciel. 110 Que se passa-t-il pendant les quelques jours qui suivirent ?Aucun incident dont les prisonniers eussent pu profiter.Quelledirection prit l aéronef ? Invariablement celle du sud-ouest cequi dénotait le projet de se rapprocher de l Indoustan.Il étaitvisible, d ailleurs, que le sol, montant sans cesse, obligeait l Al-batros à se diriger selon son profil.Une dizaine d heures aprèsavoir quitté Pékin, Uncle Prudent et Phil Evans avaient pu en-trevoir une partie de la Grande Muraille sur la limite du Chen-Si.Puis, évitant les monts Loungs, ils passèrent au-dessus de lavallée de Wang-Ho et franchirent la frontière de l Empire chi-nois sur la limite du Tibet.Le Tibet, hauts plateaux sans végétation, de-ci, de-là picsneigeux, ravins desséchés, torrents alimentés par les glaciers,bas-fonds avec d éclatantes couches de sel, lacs encadrés dansdes forêts verdoyantes.Sur le tout, un vent souvent glacial.Le baromètre, tombé à 450 millimètres, indiquait alors unealtitude de plus de quatre mille mètres au-dessus du niveau dela mer.À cette hauteur, la température, bien que l on fût dansles mois les plus chauds de l hémisphère boréal, ne dépassaitguère le zéro.Ce refroidissement, combiné avec la vitesse de l Albatros,rendait la situation peu supportable.Aussi, bien que les deuxcollègues eussent à leur disposition de chaudes couvertures devoyage, ils préférèrent rentrer dans le roufle.Il va sans dire qu il avait fallu donner aux hélices suspensi-ves une extrême rapidité, afin de maintenir l aéronef dans un airdéjà raréfié.Mais elles fonctionnaient avec un ensemble parfait,et il semblait que l on fût bercé par le frémissement de leurs ai-les. 111 Ce jour-là, Garlok, ville du Tibet occidental, chef-lieu de laprovince de Guari-Khorsoum, put voir passer l Albatros, groscomme un pigeon voyageur.Le 27 juin, Uncle Prudent et Phil Evans aperçurent uneénorme barrière, dominée par quelques hauts pics, perdus dansles neiges, et qui leur coupait l horizon.Tous deux, arc-boutésalors contre le roufle de l avant pour résister à la vitesse du dé-placement, regardaient ses masses colossales.Elles semblaientcourir au-devant de l aéronef.« L Himalaya, sans doute, dit Phil Evans, et il est probableque ce Robur va en contourner la base sans essayer de passerdans l Inde. Tant pis ! répondit Uncle Prudent.Sur cet immense terri-toire, peut-être aurions-nous pu& À moins qu il ne tourne la chaîne par le Birman à l est, oupar le Népaul à l ouest. En tout cas, je le mets au défi de la franchir ! Vraiment ! » dit une voix.Le lendemain, 28 juin, l Albatros se trouvait en face du gi-gantesque massif, au-dessus de la province de Zzang.De l autrecôté de l Himalaya, c était la région du Népaul.En réalité, trois chaînes coupent successivement la route del Inde, quand on vient du nord.Les deux septentrionales, entrelesquelles s était glissé l Albatros, comme un navire entred énormes écueils, sont les premiers degrés de cette barrière del Asie centrale.Ce furent d abord le Kouen-Loun, puis le Kara-koroum, qui dessinent cette vallée longitudinale et parallèle à 112 l Himalaya, presque à la ligne de faite où se partagent les bas-sins de l Indus, à l ouest, et du Brahmapoutre, à l est.Quel superbe système orographique ! Plus de deux centssommets déjà mesurés, dont dix-sept dépassent vingt-cinq millepieds ! Devant l Albatros, à huit mille huit cent quarante mè-tres, s élevait le mont Everest.Sur la droite, le Dwalaghiri, hautde huit mille deux cents.Sur la gauche, le Kinchanjunga, hautde huit mille cinq cent quatre-vingt-douze, relégué au deuxièmerang depuis les dernières mesures de l Everest.Évidemment, Robur n avait pas la prétention d effleurer lacime de ces pics mais, sans doute, il connaissait les diversespasses de l Himalaya, entre autres, la passe d Ibi-Gamin, que lesfrères Schlagintweit, en 1856, ont franchie à une hauteur de sixmille huit cents mètres, et il s y lança résolument.Il y eut là quelques heures palpitantes, très pénibles même.Cependant, si la raréfaction de l air ne devint pas telle qu il fal-lut recourir à des appareils spéciaux pour renouveler l oxygènedans les cabines, le froid fut excessif.Robur, posté à l avant, sa mâle figure sous son capuchon,commandait les manSuvres.Tom Turner avait en main la barredu gouvernail.Le mécanicien surveillait attentivement ses pilesdont les substances acides n avaient rien à craindre de la congé-lation heureusement.Les hélices, lancées au maximum decourant, rendaient des sons de plus en plus aigus, dont l intensi-té fut extrême, malgré la moindre densité de l air.Le baromètretomba à 290 millimètres, ce qui indiquait sept mille mètres d al-titude.Magnifique disposition de ce chaos de montagnes !Partout des sommets blancs.Pas de lacs, mais des glaciersqui descendent jusqu à dix mille pieds de la base.Plus d herbe, 113 rien que de rares phanérogames sur la limite de la vie végétale.Plus de ces admirables pins et cèdres, qui se groupent en forêtssplendides aux flancs inférieurs de la chaîne.Plus de ces gigan-tesques fougères ni de ces interminables parasites, tendus d untronc à l autre, comme dans les sous-bois de la jungle
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