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.Une lettre de lui, adressée au juge Ribeiro, apprit en mêmetemps à ce magistrat le secret de l existence de Joam Dacosta, lenom sous lequel il se cachait, l endroit où il vivait avec sa fa-mille, et, en même temps, son intention formelle de venir selivrer à la justice de son pays et de poursuivre la révision d un 234 procès d où sortirait pour lui ou la réhabilitation ou l exécutionde l unique jugement rendu à Villa-Rica.Quels furent les sentiments qui éclatèrent dans le cSur del honnête magistrat ? On le devine aisément.Ce n était plus àl avocat que s adressait l accusé, c était au juge suprême de laprovince qu un condamné faisait appel.Joam Dacosta se livraitentièrement à lui et ne lui demandait même pas le secret.Le juge Ribeiro, tout d abord troublé par cette révélationinattendue, se remit bientôt et pesa scrupuleusement les devoirsque lui imposait sa situation.C était à lui qu incombait la chargede poursuivre les criminels, et voilà qu un criminel venait seremettre entre ses mains.Ce criminel, il est vrai, il l avait défen-du ; il ne doutait pas qu il eût été injustement condamné ; sajoie avait été grande de le voir échapper par la fuite au derniersupplice ; au besoin même, il eût provoqué, il eût facilité sonévasion !& Mais ce que l avocat eût fait autrefois, le magistratpouvait-il le faire aujourd hui ?« Eh bien, oui ! se dit le juge, ma conscience m ordonne dene pas abandonner ce juste ! La démarche qu il fait aujourd huiest une nouvelle preuve de sa non-culpabilité, une preuve mo-rale, puisqu il ne peut en apporter d autres, mais peut-être laplus convaincante de toutes ! Non ! je ne l abandonnerai pas ! »À partir de ce jour, une secrète correspondance s établit en-tre le magistrat et Joam Dacosta.Ribeiro engagea tout d abordson client à ne pas se compromettre par un acte imprudent.Ilvoulait reprendre l affaire, revoir le dossier, réviserl information.Il fallait savoir si rien de nouveau ne s était pro-duit dans l arrayal diamantin, touchant cette cause si grave.Deces complices du crime, un de ces contrebandiers qui avaientattaqué le convoi, n en était-il pas qui avaient été arrêtés depuisl attentat ? Des aveux, des demi-aveux ne s étaient-ils pas pro-duits ? Joam Dacosta, lui, en était toujours et n en était qu à 235 protester de son innocence ! Mais cela ne suffisait pas, et le jugeRibeiro voulait trouver dans les éléments mêmes de l affaire àqui en incombait réellement la criminalité.Joam Dacosta devait donc être prudent.Il promit de l être.Mais ce fut une consolation immense, dans toutes ses épreuves,de retrouver chez son ancien avocat, devenu juge suprême, cetteentière conviction qu il n était pas coupable.Oui ! Joam Dacos-ta, malgré sa condamnation, était une victime, un martyr, unhonnête homme, à qui la société devait une éclatante répara-tion ! Et, lorsque le magistrat connut le passé du fazenderd Iquitos depuis sa condamnation, la situation actuelle de safamille, toute cette vie de dévouement, de travail, employée sansrelâche à assurer le bonheur des siens, il fut, non pas plusconvaincu mais plus touché, et il se jura de tout faire pour arri-ver à la réhabilitation du condamné de Tijuco.Pendant six mois, il y eut échange de correspondance entreces deux hommes.Un jour, enfin, les circonstances pressant, Joam Dacostaécrivit au juge Ribeiro :« Dans deux mois, je serai près de vous, à la disposition dupremier magistrat de la province !Venez donc ! » répondit Ribeiro.La jangada était prête alors à descendre le fleuve.JoamDacosta s y embarqua avec tous les siens, femmes, enfants, ser-viteurs.Pendant le voyage, au grand étonnement de sa femmeet de son fils, on le sait, il ne débarqua que rarement.Le plussouvent, il restait enfermé dans sa chambre, écrivant, travail-lant, non à des comptes de commerce, mais, sans en rien dire, àcette sorte de mémoire qu il appelait : « Histoire de ma vie », etqui devait servir à la révision de son procès
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